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Quand les filières de détection alimentent le podium du vendée globe

Alors que la flotte de la Transat Paprec, avec ses 19 binômes, approche de la ligne d’arrivée à Saint Barthélemy et que 17 solitaires et un équipage double vont participer, cette semaine, à la Solo Maitre Coq aux Sables D’Olonne, nous vous proposons de faire le point sur les filières de détection. Organisées par le Pôle France Finistère Course au Large, elles permettent à des navigateurs talentueux de s’exprimer sur le circuit exigeant de la Classe Figaro, seule classe monotype en course au large.

Vendée Globe 2024-2025 : Une histoire de filières…

 

Les plus passionnés d’entre-nous ont des souvenirs de la Solitaire du Figaro 2016 qui sont revenus en mémoire au moment d’accueillir il y a quelques jours les skippers qui sont montés sur le podium du Vendée Globe 2024-2025. Charlie Dalin se remémorait ce moment lors de sa remontée de l’Atlantique, bien décidé à conjurer le sort d’un duel perdu à l’époque contre Yoann Richomme pour 5 petites minutes seulement. A l’époque c’est même un combat fratricide que les deux jeunes figaristes s’étaient livrés, faisant alors tous les deux partis du programme « Skipper Macif ».  Cette même année, pour sa première saison à la barre du bateau « Performance » du programme de détection et d’excellence « Région Bretagne – CMB », Sébastien Simon prenait la 11e place finale.

 

 

Un peu plus de 8 ans plus tard, les trois marins se sont retrouvés sur le podium du mythique Vendée Globe et si tous se sont façonnés des parcours singuliers pour en arriver là, ils partagent ce point commun d’avoir fait leurs premières armes nautiques au sein de ces filières de détection et de performance sur le circuit Figaro, aujourd'hui encore incontournables et encore pourvoyeuses de nouveaux talents. Elf avait lancé le processus, entre 1985 et 1993, relayé par le Crédit Agricole jusqu'en 2002, devenue sélection de la « Région Bretagne – CMB » depuis, et complété par le programme Skipper en 2008 Macif depuis 2008,  mais aussi plus récemment par d’autres acteurs comme la Région Normandie. 

 

Michel Desjoyeaux, Franck Cammas, Yann Elies, Sébastien Josse, Armel Le Cleac’h, François Gabart, la liste est longue des marins d’exception qui sont issus de ces filières en Figaro Beneteau, une classe qui ne cesse, encore aujourd’hui de faire émerger les futurs champions de la voile de demain. Sur le dernier Vendée Globe ils étaient nombreux à avoir ce point commun. En plus des trois marins sur le podium final on peut aussi citer Paul Meilhat (skipper Macif 2011) 5ème de l'édition 2024-2025.

 

 

La FFVoile au cœur du sujet avec le Pôle France Course au Large

 

Pour Jeanne Grégoire, directrice du Pôle France de Course au Large à Port-la-Forêt, retrouver des marins issus des filières de détection et de performance en haut des classements des plus grandes courses n’est pas le fruit du hasard : « Ces filières sont des tremplins idéaux vers le très haut-niveau car elles donnent aux marins sélectionnés les armes pour prouver leur valeur sportive. Elles leur offrent aussi les moyens de progresser dans plein d’autres domaines d’expertise ». Sur le dernier Vendée Globe on retrouvait notamment un ancien Skipper Macif, Fabien Delahaye, au sein de la Direction de Course.

Les Filières de détection et de performance proposent désormais des programmes complémentaires. « Cela a beaucoup évolué depuis l’époque où il fallait avoir une adresse dans le Finistère pour participer au Challenge Crédit Agricole », rappelle Jeanne Grégoire. « Désormais les jeunes marins qui veulent aller vers le très haut-niveau en Course au Large ont plusieurs options dans ces filières, qui sont d’ailleurs très complémentaires ». Au Pôle France de Course au Large, Jeanne accueille plusieurs marins issus de ces programmes, à commencer par les jeunes marins du Team Région Bretagne – CMB, dont la formation est encadrée à l'année par l'équipe basées à Port-la-Forêt. Seule filière de détection, avec le programme Skipper MACIF à offrir un vrai statut professionnel à ses lauréats, elle a créé en 2019 la sélection « Océane » qui offre à une jeune femme la barre d’un Figaro pour trois saisons, dorénavant. Première de cordée de cette sélection, Elodie Bonafous a effectué deux années très solides au sein du Team Région Bretagne – CMB avant de convaincre un sponsor, le groupe Quéguiner, de l’accompagner sur le circuit Figaro pendant 3 saisons avant de monter ensemble un nouveau projet pour le prochain Vendée Globe et un bateau neuf qui vient d’être mis à l’eau ! 

« Le parcours d’Elodie est forcément très inspirant pour les jeunes femmes qui souhaitent se lancer en Course au Large », se réjouit Jeanne Grégoire. En 2023, la filière Skipper Macif a également ouvert une nouvelle porte pour les femmes en réservant sa sélection à des navigatrices et en offrant à sa lauréate, Charlotte Yven, un projet pour trois saisons au sein de sa structure de performance. « Cette parité parfaite dans les filières provoque un appel d’air et on a aujourd’hui de plus en plus de filles avec un très bon niveau sur le circuit. La plupart sont d’ailleurs passées par ces sélections et même si elles n’ont pas été retenues finalement, elles ont en retiré de l’expérience pour monter leurs propres projets par la suite. C'est d’ailleurs assez intéressant d’observer dans les CV nautiques des jeunes femmes et des jeunes hommes, il est très souvent écrit " finaliste de la sélection Espoir, Océane ou Macif ". C'est une ligne qui compte dans le CV, qui rassure les éventuels sponsors. ». Lors de la première sélection Océane on trouvait d’ailleurs dans les 3 dernières finalistes une certaine Violette Dorange, âgée alors d’à peine 18 ans !

Plus de que jamais le Figaro fait office de "classe académique" de la Course au Large. Un aspect renforcé depuis 2023 avec la renaissance du Tour Voile sur ce support. La Fédération Française de Voile avait repris la gestion de cet événement incontournable avec comme objectif premier de permettre aux jeunes talents du pays de faire leurs premières armes en Course au Large à cette occasion. Jeanne Grégoire précise : « Ce nouveau format pour le Tour Voile est une magnifique passerelle vers la Course au Large en solitaire : des jeunes venus de l’Inshore ou même des classes olympiques ou  en dériveurs ont lancé des projets très intéressants, souvent soutenus par des territoires, des régions, départements ou villes qui ont aussi trouvé un grand intérêt à faire émerger leurs talents locaux ». C’est aussi devenu un premier pas avant de pouvoir monter un projet vers le large, que ce soit en Figaro ou dans une autre classe. Un passage recommandé pour espérer pouvoir intégrer la premère phase de sélection des filières. Les 3 finalistes de la dernière sélection Océane sont toutes passés par ce TourVoile nouveau format, que ce soit Théa Khélif, Julia Colombe ou bien la lauréate, Lola Billy. 

Si la filière « Région Bretagne – CMB » est un tremplin idéal pour les nouveaux talents, " le programme Skipper Macif » offre, elle, un tout autre cadre de performance pour des jeunes skippers déjà aguerris. Lancée en 2008, cette sélection offre à son lauréat homme et femme, la barre d’un Figaro pour deux ou trois saisons avec un encadrement sur mesure dans des structures dédiées à la performance. La Filière est devenue une véritable « usine à champions », avec par exemple sur le dernier Vendée Globe, 3 de ses lauréats dans les 5 premières places : Charlie Dalin (Skipper Macif 2015), le vainqueur, Yoann Richomme (Skipper Macif 2013), son dauphin, et Paul Meilhat (Skipper Macif 2011), arrivé en 5e position aux Sables d’Olonne. « Skipper Macif m’a énormément apporté », explique Charlie Dalin. « C’est une équipe, un préparateur, un cadre… c’est vraiment un tremplin pour progresser dans le haut niveau. On peut se concentrer à 100 % sur les aspects sportifs ».

Deux skippers ont prouvé, avec succès, la complémentarité des deux fillières, celle du Team Région Bretagne – CMB et celle de Skipper Macif. Le premier d’entre eux n’est autre que François Gabart, qui a passé 3 saisons sur le circuit Figaro au sein de ces deux filières avant de devenir l’un des coureurs au large les plus récompensés de sa génération. « Il y a la formation de marin, mais vraiment, ce qui est mis en avant dans notre filière professionnelle c'est qu'il y a une formation de chef de projet derrière. Dans ce sens-là, François est un exemple vraiment prédominant, lui qui, 10 ans après son passage dans ces filières, a une société avec 100 employés, montée de A à Z », explique Jeanne Grégoire, cadre technique FFVoile, directrice du Pôle France de Course au Large.

Deuxième skipper à passer par les deux filières, Région Bretagne – CMB puis Macif, Loïs Berrehar se met dans les pas de François Gabart, avec comme objectif le prochain Vendée Globe, à la barre d’un tout nouveau bateau aux couleurs de Banque Populaire. « Avec le Team Région Bretagne – CMB j’ai découvert un projet très structuré, professionnalisant et qui m’a permis de travailler sur plein d’aspects différents, d’approfondir mes connaissances, de les développer et d’en apprendre énormément sur la gestion de projets et les relations avec un partenaire ». Une formation accélérée entre 25 et 28 ans avant de revenir sur le circuit après une année sans Solitaire et une sélection Macif remportée en 2022. « J’ai découvert avec Macif un autre projet, avec beaucoup plus de libertés données au skipper. Tu deviens un vrai chef de projet, le sponsor te fait confiance et c’est à toi de constituer ton équipe et ton programme. Tu peux gérer tout ça à ta façon et pour finir c’est un super tremplin. Je dois énormément à ce programme ». Un partenaire qui a eu raison de lui faire confiance, puisque Loïs monte deux fois sur le podium de la Solitaire du Figaro lors des deux dernières saisons. La Macif l’avait d’ailleurs aussi nommé skipper remplaçant de Charlie Dalin pour le dernier Vendée Globe ce qui lui a permis de parfaire son expérience en IMOCA avant d’être contacté par Banque Populaire pour rejoindre leur projet sur la prochaine édition 2028-2029. « Ces deux filières te donnent les moyens de tes ambitions, si tu en as. A toi de délivrer la performance », conclu Loïs,