Ce mercredi à 20 h (heure de Paris), 14 h (heure de New York), 28 skippers se sont élancés à l’assaut de la New York Vendée – Les Sables d’Olonne, dernière course qualificative avant le Vendée Globe. Un départ à part puisqu’il s’est déroulé au large, à 90 milles de la côte Est américaine. Les enjeux de la course sont nombreux, entre la nécessité d’assurer sa place sur le célèbre tour du monde, l’envie de gagner en confiance et de s’offrir un avantage psychologique sur ces adversaires. De quoi garantir une sacrée bataille au fil d’une course qui s’annonce riche en suspense.
Il s’agit d’une première historique et particulièrement atypique. Les 28 skippers de la New York Vendée – Les Sables d’Olonne ont pris le départ et ils étaient les seuls bateaux aux alentours et pour cause : la ligne de départ se situait à 90 milles des côtes américaines. Un départ dans un no man’s land bleuté et dans des conditions très faibles au cœur d’une zone de molle qui pourrait rapidement jouer avec les nerfs des skippers.
UN DÉPART EN DEUX TEMPS
La présence de la ligne aussi éloignée des côtes répond à une exigence en matière de préservation de la faune marine. Les mammifères marins et les poissons étant particulièrement nombreux dans cette zone, l’organisation a décidé de dresser cette ligne inédite au large. D’autres mesures vont dans le même sens : les marins ont été encouragés à rejoindre la ligne à vitesse réduite, une zone de protection de la biodiversité a été déterminée au Nord et les concurrents devront passer le waypoint Share The Ocean situé plus au Sud.
Afin de rallier cette ligne et avant le décompte annoncé aux skippers, tous ont donc quitté les pontons la veille d’une des marinas où étaient amarrés les bateaux, à New York ou à Newport. « 50% du départ avait eu lieu à ce moment-là, au moment où on disait ‘au revoir’ aux équipes », confie Nicolas Lunven (Holcim-PRB). « Ça nous a permis de nous amariner progressivement, de ne pas vivre le rush des courses classiques », poursuit Romain Attanasio (Fortinet), « on a eu le temps de se mettre progressivement dans la course », abonde Justine Mettraux (Teamwork – Team Snef).
UN DÉPART AU CALME ET UN BEAU GESTE DE SOLIDARITÉ
Le ‘top départ’ a donc été donné sur une ligne de 6 milles au cœur de l’océan. La mer était plate et le soleil au zénith. « On a plus de 25°C, c’est agréable même si on n’a que 7 à 9 nœuds de vent », apprécie Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance). « Ça n’a pas été très violent mais il faut quand même rester vigilant », poursuit Maxime Sorel (V and B – Monbana – Mayenne).
Ces dernières heures ont aussi été l’occasion d’assister à un beau geste de solidarité au sein de la flotte. Victime d’un choc avec un Ofni, l’avant du bateau Bureau Vallée a été endommagé et son emmagasineur (une pièce qui relie la voile d’avant au bout-dehors) s’est cassé. Après un appel à la solidarité auprès des autres skippers, Yoann Richomme (Paprec Arkéa) s’est manifesté et lui a envoyé la pièce dans la matinée, ce qui lui a permis de prendre le départ. « Bravo pour ton esprit sportif Yoann, a affirmé Louis dans une vidéo. J’apprécie beaucoup, je t’en dois une ! »
Pour l’ensemble des skippers, la suite s’annonce relativement paisible dans les premières heures de course puisqu’ils devront traverser une zone de molle. Il faudra tout faire pour exploiter les moindres variations de vent afin de bien se positionner et prendre déjà un petit avantage sur les autres. La course pourrait vite virer à la guerre des nerfs : les conditions étant modérées une grande partie de la traversée, celle-ci s’annonce relativement longue. À l’issue de cette grande bataille sur l’océan, les skippers ressentiront le frisson du Vendée Globe : ils franchiront la même ligne d’arrivée et remonteront le fameux chenal. Une décharge d’émotion à l’issue d’un combat de chaque instant avant le plus mythique des tours du monde.