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La vie des Classes – Optimist : Toujours à fond la caisse !

L’Optimist, la célèbre « caisse à savon », deviendra octogénaire en 2027. En près de 80 ans le support aura vu passer des millions d’apprentis marins et la plupart des stars de la voile. Aux derniers Jeux Olympiques à Tokyo, les trois-quarts des médaillés étaient des anciens de « l’Opti », qui reste encore aujourd’hui un incontournable dans les Écoles de Voile et la série pour les jeunes la plus populaire au monde.

C’est aux Etats-Unis, en 1947, qu’est né l’Optimist. Le Major Clifford McKay décide de mettre en place une école de voile pour occuper les jeunes des quartiers défavorisés de la ville de Clearwater en Floride. Pour cela il fait appel à un architecte, Clark Mills, pour créer un petit voilier qui devra s’inspirer des lignes des célèbres caisses à savon, dont les courses, aux USA, sont très populaires depuis les années 30. Mills dessine alors un voilier pouvant être construit « à la maison » à partir d’une plaque de contreplaqué. Les plans originaux, offerts au club de Clearwater qui déposa le brevet du bateau, seront par la suite amélioré par le danois Axel Damgaard, soutenu par son compatriote, le champion multimédaillé olympique Paul Elvstrøm. La conception de l’Optimist sera par la suite standardisée en 1960 avant de devenir officiellement un monotype strict.

Bien des décennies plus tard, l’Optimist reste l’un des supports les plus populaires au monde, avec plus de 200 000 bateaux officiellement enregistrés par la classe, l’International Optimist Dinghy Association (IODA). L’Optimist est présent dans plus de 120 pays à travers le monde ce qui en fait un des bateaux les plus « mondialisés » au monde, avec près de 850 jeunes régatiers en compétitions internationales chaque année sur le Championnat du Monde et les différents championnats continentaux. Du côté de la France, on ne compte en 2023 pas moins de 574 adhérents, sachant que ne sont adhérents à la classe que ceux qui participent à des régates à minima de grade 4, donc en Interligues. C’est 100 de plus qu’en 2021, signe d’un retour à la normal suite à la période Covid19. Environ 2000 Optimist conformes à la jauge et immatriculés sont en circulation dans le pays, auxquels il faut ajouter les bateaux en aluminium et ceux en plastique utilisés par les Écoles de Voile.

Mais alors, qu’est ce qui rend encore incontournable ce support presque octogénaire ? « C’est la grande question », sourit Olivier Huet des Aunay, le président de la Classe Optimist France. « Certainement un peu la nostalgie ! L’Optimist, c’est un peu la madeleine de Proust des voileux ! Enfants, nous avons tous vu ces petits bateaux naviguer sur le bord des plages. Bien souvent, les parents des pratiquants, et parfois les grands-parents, ont eux-mêmes débuté la voile sur ce support. D’anciens amis, aujourd’hui parents de coureurs, se retrouvent sur les parkings de nos régates 25 ou 30 ans après leurs « années Opti »… Au-delà de ça, c’est un bateau qui est simple et sophistiqué à la fois. Simple parce qu’il est facile à construire, à gréer, à transporter. Et Sophistiqué car arrivé à un certain niveau de compétition, il requiert une bonne maitrise technique et une connaissance fine des réglages. C’est un bateau qui n’est pas facile à faire avancer vite, et ça contribue à l’intérêt du support ». Le bateau a aussi vu passer un nombre incalculable de grands marins, qui ont débuté leurs carrières en Optimist et qui aujourd’hui continuent d’en faire la promotion. « Les années « Opti » sont souvent marquantes et on a encore aujourd’hui quelques grands noms de la voile en France qui continuent de suivre ce qu’il se passe dans la classe. L’équipe de France reçoit avant chaque grand championnat international des messages d’encouragement de skippers comme François Gabart, Yann Eliès ou Violette Dorange. Pour les jeunes c’est génial, ça leur met pleins d’étoiles dans les yeux, de savoir qu’ils marchent dans les pas de leurs idoles. Et aujourd’hui, où qu’on aille dans le monde on trouve des Optimist. C’est probablement l’un des supports les plus « mondialisés » et forcément le niveau sportif est presque sans pareil. L’Opti c’est vraiment une très grande famille, c’est transgénérationnel et transfrontalier ! »

Si la France attend toujours, depuis 1962 et la première édition d’un Championnat du Monde, un médaillé d’or toutes catégories confondues, elle a déjà pu compter sur les Filles pour briller sur la scène internationale, avec les victoires au classement féminin de Florence Rigolot en 1982 et 1983, de Stéphanie Brulon en 2000, et plus récemment de Lomane Valade (SNO Nantes) en 2021, impressionnante en Italie cette année-là, avec une 7e place finale au classement scratch (sur 260 participants), une performance jusqu’alors jamais réalisée par un Français ou une Française depuis plus de 15 ans. Cette année, les jeunes tricolores ont aussi brillé en dehors des frontières, avec la 10e place de Mathias Krauss (La Pelle-Marseille) au Mondial en Espagne mais surtout avec la belle médaille de bronze de la Team France au Championnat d’Europe d’Optimist en Course par Équipe aux Pays-Bas. Coaché par Sébastien Canard (SR Antibes), Molly-Ella Marshall (CN Nice), Justine Barbarin (SR Antibes), Timéo Delerce (SR Antibes) et Ruben Sulty (Wind Force) ont offert un premier podium à la France qui est venu mettre en lumière le travail effectué depuis plusieurs saisons sur ce format de compétition si particulier, mêlant esprit d’équipe, maitrise technique et tactique, capacité d’adaptation et gestion du stress. « Cela fait quelques années que nous mettons l’accent sur la Course par Équipes car c’est un format de jeu sympa qui apprend aux jeunes marins à jouer avec les règles » explique Olivier Huet des Aunay. « C’est aussi un format de régate plus facile à mettre en place, avec des bateaux mis à disposition par l’organisateur, avec beaucoup moins de place nécessaire pour naviguer ce qui permet d’aller chercher de nouveaux plans d’eau. Ce qu’on aime bien aussi avec ce format de course c’est que ça ouvre aussi sur d’autres façons de naviguer, notamment sur cet aspect « sport collectif ». On a déjà quelques exemples de coureurs qui ont découvert la Course par Equipe et qui désormais envisagent de faire de plus en plus de Match-Racing ».

Encourager les Jeunes à diversifier leurs types de pratiques, c’est une des nombreuses missions que s’est confiée la Classe Optimist France, la première d’entre elles étant d’assurer la promotion de l’Optimist que ce soit en Ecole de Voile ou en compétition. La classe s’est d’ailleurs longtemps appelée « Promotion Optimist » et accompagne les compétiteurs à l’international, en gérant le lien avec la classe internationale, mais aussi tous les aspects logistiques. « En parallèle, pour optimiser les résultats sportifs, on essaie d’organiser des stages nationaux, en lien étroit sur cet aspect-là avec Laurent Gaillot, le cadre technique national en charge des Optimist à la FFVoile », précise Olivier Huet des Aunay. « Pendant ces stages, on met en place une convention de mise à disposition de certains entraineurs de club pour l’épauler via une subvention qui indemnise en partie les clubs concernés. On soutient aussi financièrement les coureurs des DOM-TOM pour les aider à aller sur nos régates majeures et qualificatives pour les championnats internationaux. On leur met aussi des bateaux à disposition sur place pour leur éviter de devoir gérer une logistique trop compliquée ».

« On a un rôle important au niveau des règles de jauges et sur l’encadrement sportif de manière générale. Cette année on a décidé de créer pour 2024 une « Coupe Optimist » qui rassemblera les résultats sur plusieurs épreuves du calendrier et qui récompensera à la fin de l’année les meilleurs marins de la saison. L’idée c’est de mettre en avant le dynamisme de la classe ». Au cours d’une saison Optimist, en plus du Championnat de France Minimes, on ne compte pas moins de trois régates nationales (la Coupe Interne de Printemps, la Coupe Internationale d’Été et l’Opti Cup à l’automne), avec sur chacune de ces régates, en moyenne, 350 à 400 coureurs sur l’eau. Ce à quoi s’ajoutent aussi deux à trois régates Interligues, qui sont des sortes de « Demi-Nationaux », avec des regroupements par zone géographique. « L’un des rôles de la classe c’est d’être en lien avec les clubs organisateurs de ces grosses compétitions, déjà en les trouvant et puis en les accompagnant du mieux possible dans la mise en place de ces épreuves. On a des clubs qui ont une culture de l’Optimist qui est très ancrée et avec qui il est forcément plus facile de travailler, en sachant que ça va très bien se passer. Après on a des clubs qui sont moins impliqués, ou moins présents dans la Classe, mais qui cherchent à lancer ou à relancer la pratique de l’Optimist chez eux et on essaie aussi de les aider. C’est pour cela par exemple que nous avons organisé la Coupe Internationale d’Été au mois de juillet dernier avec l’ASN Perros-Guirec qui depuis deux ans fait l’effort de relancer une équipe Optimist. Ils sont vraiment dans une dynamique où ils encouragent les jeunes à naviguer et on s’est dit que ça serait une bonne manière de les mettre en avant et de permettre aux jeunes du club de vivre un événement national, pour leur donner envie de progresser et pour donner envie à d’autres jeunes de la région de pourquoi pas rejoindre l’aventure ». La classe travaille aussi pour accueillir à nouveau un Championnat du Monde ou un Championnat d’Europe à domicile, le dernier rendez-vous international, en 2019 avec l’Européen à Crozon-Morgat ayant été une vraie réussite. « Depuis deux ans, nous travaillons sur le sujet. On avait bien avancé avec deux clubs potentiels mais pour l’instant ça ne s’est pas concrétisé », précise Olivier Huet des Aunay.

Organiser des compétitions avec près de 400 enfants, plus leurs accompagnateurs est un vrai challenge pour les clubs et la classe. Comme pour la grande majorité des classes en France le manque de bénévoles est un vrai sujet de préoccupation tout comme l’impact environnemental des compétitions. « Aujourd’hui nous ne sommes pas sur des Flottes Collectives donc quand on organise une régate nationale, les deux tiers de la flotte vient d’assez loin. Alors même si maintenant ils arrivent en groupe, avec plusieurs bateaux derrière le camion, l’impact pour l’environnement n’est pas négligeable, sans compter celui pendant l’épreuve. Pour compenser, on encourage les clubs organisateurs à s’engager dans une démarche de certification du type « Sailors for the Sea ». Nous avons également mis en place des programmes, notamment pour récolter du matériel d’occasion qu’on redistribue après. On a un partenariat assez fort avec le Maroc. Tous les ans, quelques coureurs français sont invités à aller naviguer là-bas et on en profite pour acheminer du matériel collecté sur les régates auprès des adhérents de la classe. Ce sont des voiles d’occasion, des dérives, des safrans, des gréements. Cela assure aussi la promotion de l’Optimist sur place et ça donne la possibilité à pas mal de jeunes marocains de découvrir la voile ».

C’est tout le défi pour cette classe et ce bateau, qui malgré son âge cherche à vivre avec son temps ! « En 2021, je participais à l’assemblée générale de la Classe Internationale en Italie », raconte Olivier Huet des Aunay, le président de la Classe Optimist France. « Pendant cette AG, nous avons voté un changement dans les règles de jauges. Initialement il était interdit d’utiliser des matériaux dits « exotiques » pour la fabrication de l’Optimist. On a supprimé ce mot. On continue d’interdire le carbone mais on autorise désormais la fabrication avec des fibres autres que la fibre de verre. Quelques jours après, sur le championnat de France Minimes à l’ENVSN, je croise Jean-Christian Michel le directeur de Erplast, le constructeur français d’Optimist , et je lui évoque cette ouverture en lui expliquant que l’idée, évidemment, c’est d’encourager la fabrication du bateau avec des matériaux ayant des impacts écologiques moindres ». L’idée n’a pas mis longtemps à faire son chemin et un an plus tard le constructeur présentait le premier prototype d’Optimist de compétition 100 % en fibre de lin, imaginé en collaboration avec MerConcept, le chantier de François Gabart, vainqueur du Vendée Globe 2013 mais surtout Champion de France Minimes en Optimist en 1997 ! « On a créé un bateau fait entièrement en lin et en résine biosourcée à 40% », explique Jean-Christian Michel. « Le collage a été fait avec de la colle chargée à la sciure de bois donc on est vraiment dans une démarche la plus éco responsable possible. L’idée c’était de ne pas mener ce projet pour faire juste un bateau biosourcé, mais c’était de présenter le projet à IODA, la classe internationale Optimist. On a fait une première approche avec la classe Nationale, à qui on a présenté le projet et de suite ils ont vu un côté intéressant avec ce bateau. Ensuite, on a eu la chance d’échanger avec les jaugeurs de IODA qui sont venus au chantier mesurer le bateau et constater qu’effectivement il y avait un chantier sur les 30 dans le monde en mesure de sortir un bateau dans ces matériaux-là. Pour le moment, on est en attente de leur retour pour savoir comment ils vont donner suite au projet. On ne cherche pas à mettre la pression parce qu’à mon sens il faut que cela se passe de manière harmonieuse. On travaille pour que ce bateau soit comparé et testé par rapport aux autres, et pour échanger avec tous les autres fabricants afin de trouver le moyen de faire l’Optimist de demain ».

L’Optimist se tourne vers l’avenir mais n’en n’oublie pas son passé et ses racines. Olivier Huet des Aunay et la classe française l’ont bien en tête : « On a toujours un projet dans les cartons qui serait d’organiser des journées de régates des « Classiques de l’Optimist » pour faire naviguer en compétition vraiment tous les types d’Opti, les vieux qui naviguent encore et les très nombreux bateaux « faits main ». On est fréquemment contacté par des amateurs qui veulent construire des Optimist en bois et qui cherchent à trouver des plans et les règles de jauges. Ce ne sont pas des bateaux qui régatent mais ils naviguent quand même et on aimerait faire un peu ce qui se fait sur les plus gros bateaux ou dans d’autres classes « historiques » en faisant naviguer en compétition ces Optimist dits Classiques ».

Pour les jeunes marins qui découvrent la compétition en Optimist se pose inévitablement la question de l’après. Vers quel support se tourner après ses années en « Opti » ? « Je suis souvent contacté par les coureurs et leurs parents qui à la fin de leurs années Minimes se demandent un peu vers quoi ils vont aller. Il y a le passage vers les classes historiques qui se fait encore (ILCA, 420, 29er, Nacra15) mais on encourage aussi les jeunes à s’intéresser à des supports modernes type dériveurs foileurs comme le Ioda, le Birdyfish, le Skeeta voire même le Waszp. On aimerait aussi que les clubs s’investissent aussi davantage vers la pratique en équipage car on a des jeunes qui, notamment via la Course par Équipes peuvent avoir des envies de naviguer en Match-Racing ou simplement en équipage sur des Open 5.70 ou des J80 par exemple ». En attendant de briller dans les échelons du dessus, les futurs talents de la voile en France ont notamment rendez-vous au Cap d’Agde dans un mois, du 23 au 28 octobre pour l’Opti Cup, l’une des trois compétitions nationales organisées chaque année par la SODEAL et le Centre Nautique de la Ville d’Adge. Les places pour les prochains Championnat d’Europe et Championnat du Monde seront en jeu !

 

Toutes les informations sur la Classe Optimist France : https://www.promotion-optimist.fr/

 

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