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La vie des Classes : Star, une étoile qui continue de briller

Sa ligne ne laisse personne indifférent. 113 ans après sa naissance, le Star continue de promener sa fantastique silhouette aux quatre coins du globe. Bateau iconique de la voile et série olympique entre 1932 et 2012, le Star fait toujours autant rêver. Le week-end dernier, la Société des Régates à Voile d’Annecy organisait le 49e Trophée des Duc de Nemours, support du championnat de France Star pour la 25e fois de son histoire. 26 étoiles étaient alignées sur la ligne de départ pour l’occasion, avec une constellation de passionnés au rappel. Des passionnés qu’on retrouvera au Championnat d’Europe du 24 au 29 octobre, au Yacht Club de Cannes, une première en France depuis plus de 30 ans !

Est-ce que Francis Sweisguth, au moment de crayonner le premier dessin du Star, s’imaginait que le voilier qu’il allait coucher sur le papier continuerait de naviguer partout dans le monde plus de 100 ans plus tard ? L’étoile n’a en tout cas jamais cessé de briller alors que près de 8 500 Stars ont vu le jour. Une centaine d’entre eux continuent de faire le bonheur de leurs propriétaires en France. Le Championnat national avait lieu le weekend dernier sur le Lac d’Annecy, l’un des trois « bastions » des Star en France. « C’est le meilleur compromis pour organiser le Championnat de France », explique Jean-François Puisségur, président de France Star Class - ASPROSTAR, l’association des propriétaires de Star en France. « On a environ une vingtaine de Star à Paris au Yacht Club d’Ile-de-France, avec le Cercle de la Voile de Paris, la flotte d’Annecy qui compte une vingtaine de bateaux aussi et la flotte de Nice compte, elle, une quinzaine de Star. En plus d’être à égales distances entre Paris et Nice, le Lac d’Annecy est un plan d’eau très intéressant tactiquement et offre des conditions souvent variées ». 

Pour cette 49e édition des Ducs de Nemours, ce sont des conditions très légères qui ont donné du fil à retordre aux 26 équipages français mais aussi suisses, suédois et américains, pour ce Championnat de France « Open » et donc ouvert aux duos étrangers. Au bout de 3 jours et 6 courses validées, ce sont les Suisses Juerg Ryffel et Beat Heinz qui se sont imposés devant les Américains Benjamin Sternberg et Valentin Veytsman, venus spécialement de New-York pour l’occasion ! « On a eu un très beau championnat. 26 bateaux en lice, c’est un très beau chiffre car actuellement en Europe c’est très difficile de mobiliser un grand nombre de régatiers, sur tous les quillards de sport », précise Jean-François Puisségur, 6e et premier Français au classement avec son co-équipier Jean-Gabriel Charton.  

Les Ducs de Nemours version 2023, en plus d’être un Championnat de France, étaient également le Championnat du District 9. Jean-François Puisségur explique : « La classe internationale, l'ISCYRA (International Star Class Yacht Racing Association) est organisée en 21 « districts » sur les cinq continents. Le District 9 regroupe à l’origine les Flottes « Francophones », venues du Bénélux, de France, de Suisse et de Monaco. C’est un des Districts les plus relevés sportivement avec par exemple, plus de 200 Star qui naviguent en Suisse. Le bateau est désormais majoritairement construit chez Folli en Europe, sur les rives du Lac de Côme, à quelques kilomètres de la frontière helvète ».  

En France la classe partage forcément des liens privilégiés avec les Clubs qui regroupent la grande majorité de ses bateaux. « Les Clubs parisiens (CVP et YCIF) et la SRVA à Annecy ont un fonctionnement en Intersérie qui marche bien. Nous-mêmes essayons de garder des liens étroits avec les autres classes de quillards de sport, comme les Soling, les Dragons, les Monotypes 7.50 ou les Vent d’Ouest pour encourager la pratique en régate. Au Club Nautique de Nice, la flotte de Star est un peu la « vitrine » du club qui compte aussi une bonne équipe de compétition chez les Jeunes, qui passent de l’Optimist au Laser puis au Star. Le club a d’ailleurs fait l’acquisition de 3 Star pour encourager la pratique des jeunes et encourager les passerelles entre les supports ». 

C’est aussi au CN Nice que se déroule l’autre rendez-vous majeur pour la classe avec les Ducs de Nemours : la Nice Christmas Regatta qui fêtera sa 66e édition fin décembre. L’événement rassemble également un plateau d’exception, avec un bon nombre de champions du monde et de champions olympiques au palmarès ! La dernière édition a d’ailleurs été remporté par l’Autrichien Hans Spitzauer, Champion du Monde de Finn en 1995 et sélectionné olympique en Star en 2008 avec son coéquipier Christian Nehammer. Quelques semaines avant la « France Star Class » aura droit à une exposition exceptionnelle avec l’organisation au Yacht Club de Cannes du Championnat d’Europe de la discipline, du 24 au 29 octobre, 31 ans après le dernier grand rendez-vous européen à domicile. 

Avec un Championnat du Monde en Toscane à la mi-septembre, la Méditerranée sera bien « the place to be » cette année pour les Star. L’occasion de croiser certains des plus grands noms de la voile, des athlètes olympiques aux légendes de la Coupe de l’America. Le bateau n’est certes plus support olympique depuis 2012 mais continue d’attirer les plus grands champions notamment grâce au lancement de la Star Sailor League, un circuit mondial créé par le Suisse Michel Niklaus l’année des Jeux Olympiques de Londres. Inspiré du classement ATP au Tennis, le « Ranking » de la Star Sailors League agrège un nombre considérable de données regroupant les résultats des régates d’une trentaine de classes, du niveau local à l’olympisme, et offre un classement mondial qui intègre près de 50 000 athlètes. Jusqu’en 2019, les 20 meilleurs marins du classement s’affrontaient chaque année lors des SSL Finals qui se disputaient en Star. Désormais avec la SSL Gold Cup c’est une sorte de Coupe du Monde de Football avec des équipes nationales qui devraient s’affronter en fin d’année sur des RC 44.  

« La Star Sailors League a pu attirer un public un peu plus jeune vers le Star mais cela reste un bateau couteux » rappelle Jean-François Puisségur. Le Star cultive son statut de « Stradivarius » de la voile, un quillard qui ne demande pas juste beaucoup de passion pour l’acquisition et l’entretien. « C’est aussi pour cela qu’on a poussé le CN Nice à acheter des Star, pour que ce soit le club qui endosse la responsabilité financière pour faire naviguer des jeunes. Il y a aussi le sujet « physique » car le Star est un bateau qui favorise les grands gabarits. Mais ça reste tout de même un bateau attractif pour la nouvelle génération, notamment par son côté très technique ». C’est en effet un peu le bateau « laboratoire » du yachting moderne qui a révolutionné, grâce à de spectaculaires innovations, la technique des bateaux de compétition. Foc libre sur l’étai, blocage des drisses en tête de mât pour réduire les efforts de compression, le rappel sur harnais (introduit par Dennis Connor dans les années 70), les premières voiles en tissu synthétique, les vide- vites, telles sont quelques-unes des innovations lancées sur ce quillard et aujourd’hui universellement adoptées. La principale innovation restant sans doute la mise au point des mâts souples, d’après une invention de Walter von Hütschler en 1934.

Le Star n’est définitivement pas un bateau comme les autres et le fonctionnement de la Classe Internationale est également très particulier. « Ça fait très longtemps que la démocratie participative a été mise en place dans cette classe », sourit Jean-François Puisségur, président de France Star Class – ASPROSTAR et aussi vice-président du District 9. « On est consulté au niveau mondial via un système de vote avec des propositions d’évolutions de règles qui sont soumises et qui peuvent venir de n’importe quel adhérent. Récemment par exemple, il y a eu une proposition autour des mâts carbones, qui n’a pas été retenue. C’est une classe très démocratique, où on peut très facilement échanger avec les membres du Board. C’est aussi considéré comme une des classes les plus structurée au monde, ce qui a ses avantages mais aussi ses inconvénients avec parfois une certaine rigidité dans le règlement. » 

Pas étonnant donc de retrouver un vrai « esprit de famille » au sein de la classe, matérialisé par le « LOG » un annuaire en accès libre, qui est une sorte de bible avec tous les résultats mondiaux et toutes les coordonnées des secrétaires et capitaines de Flotte de tous les Star dans le monde. De quoi offrir quelques belles histoires. Jean-François Puisségur raconte : « Je me rappelle quand en 2009, mon père était président de la classe en France, il y avait une étape de la Louis Vuitton Cup à Nice, avec tout le gratin de la Coupe de l’America présent et notamment Paul Cayard, qui à la fin du premier entrainement, a vu les mâts de Star alignés au Club Nautique. Le soir il est allé dans le « LOG » et a contacté mon père et lui a dit : « on s’est concerté avec tous les staristes qui sont sur les bateaux de la Coupe de l’America et on voudrait venir vous rendre visite, pour qu’on puisse boire un coup tous ensemble ». Donc on a monté un petit apéritif en urgence pour le lendemain soir et on a accueilli au club un nombre assez invraisemblable de champions olympiques et de champions du monde, avec Paul Cayard donc, mais aussi Ian Percy, Bart Simpson, Hamish Pepper ou encore Francesco Bruni ». En Star, les étoiles ne sont jamais que sur les voiles ! 


Paul Cayard entre Jean-François Puisségur à droite, et son père Jacques à gauche

Site officiel de la Classe Française          Site de la SRVA


Le TOP 10 de la 49e édition des Ducs de Nemours

1.    Juerg RYFFEL & Beat HEINZ (SUI) – « ARLECCHINO » 
2.    Benjamin STERNBERG & Valentin VEYTSMAN (USA) – « JACCUSE »
3.    Martin INGOLM & Dario BISCHOFF (SUI)
4.    Ingvar KROOK & Lars KANGASNIEMI (SUE) – “FRIDOLIN »
5.    Urs INFANGER & Oleg CHTCHETININE (SUI) – « ANNA »
6.    Jean-Gabriel CHARTON & Jean-François PUISSEGUR (FRA – CN Nice) – « ASTERIA 6 »
7.    Quentin CHAVY & Michel DREYFUS (FRA – SRVA) – « PICKWICK »
8.    Daniel WYSS & Alex GOUDA (SUI) – « LEPORELLO »
9.    François LECOMTE (IN St-Jorioz) & Sophie GARCIA (CNN) – « FRANTZ »
10.    Bernhard SEGER & Walter OESS (SUI) – « MADBOX »

Le classement complet